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Sud-Kivu : Le manque d’accompagnement des femmes par des hommes, un ralentissement dans la participation des femmes dans la gestion

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Plusieurs femmes manquent le soutien des hommes pour avancer en politique dans la ville de Bukavu. Cette situation est à la base de la faible représentation des femmes dans les postes décisionnels en politique. Dans cette partie du pays, les ambitions des femmes sont étouffées par des hommes qui ne veulent pas voir des femmes avancer.

A Bukavu, des femmes manifestent des ambitions politiques mais certaines n’avancent pas loin par manque de soutien des hommes. Souvent ce manque de soutien des hommes part du ménage avec les maris et s’élargit dans des partis politiques.

Cette situation fait que, celles qui sont dans des partis politiques manquent souvent l’accompagnement des hommes pour être alignées sur des listes électorales, des propositions des nominations dans des institutions et même pour accéder à des postes des directions au sein des leurs partis politiques.

C’est le cas d’une cadre au sein dans une formation politique de Bukavu qui a requis l’anonymat et qui estime que les hommes n’accompagnent pas les femmes politiques par peur des préjugés : « en politique, ce n’est pas aisé de nous placer en avant car certains hommes prisonniers des traditions nous cotent mal quand nous cherchons à devenir leader. ».A une militante de plus de 6 ans au sein d’un parti politique présent à Bukavu de signaler que les dirigeants politiques favorisent plus les hommes que les femmes : « …Je préfère rester loin comme spectatrice au lieu de gaspiller de mon temps pour ne rien gagner en politique. Les partis et regroupements politiques mettent en avant les hommes et oublient les femmes, comme s’il n’y avait pas des compétentes quand il s’agit d’aligner les candidats, », confie-t-elle discrètement.

Pour celles qui trouvent l’accompagnement des leurs maris et dans des formations politiques arrivent quand même à progresser par rapport à leurs ambitions. Kaziba Sabine, cadre au sein d’Ensemble pour la République au Sud-Kivu, souligne que si nombreuses femmes n’excellent pas en politique c’est par manque d’accompagnement des hommes.

Cet accompagnement commence à la maison par leurs époux et continue dans des partis politiques : « pour ma part, affirme-t-elle ; il n’y a pas de problème car mon mari me soutient à 100 pourcent, … ».« Il y a des hommes qui pensent que, quand la femme s’engage dans la carrière politique elle se méconduit or ce n’est pas toujours le cas », explique-t-elle.« Ce que les coutumes reprochent à certaines femmes est qu’elles ont tendance à ne plus se soumettre à leurs hommes et cela fait à ce que les hommes ne les soutiennent pas. Nous avons nos traditions africaines que nous devons respecter. Je suis la plus chanceuse, je peux dire, je me souviens qu’à la célébration de la journée de la femme de cette année, j’avais organisé une manifestation de la ligue des femmes dans notre parti politique et mon mari était là pour me soutenir et plusieurs femmes étaient surprises de voir mon mari me soutenir. Il leur avait dit qu’il doit soutenir ce qui est soutenable » ; conclut-elle, rassurée de son avenir politique.

En 2006, Venantie Bisimwa est alors candidate à la députation. Malgré sa motivation, elle n’a pas été élue. Aujourd’hui, elle dirige le réseau des femmes pour les droits et la paix au Sud-Kivu. Elle estime que les normes socioculturelles alimentent ce comportement discriminatoire des hommes à l’égard des femmes en politique : « aux élections de 2006, alors que j’étais candidate à la députation, j’ai remarqué ce phénomène des hommes qui ne pouvaient pas m’élire tout simplement parce que je suis femme….», révèle-t-elle.Les organisations féminines, témoins de ce manque de volonté des hommesSolange Lwashiga, porte-parole du mouvement rien sans les femmes condamne cette façon d’agir des certains hommes qu’elle considère rétrograde : « Le système patriarcal accompagne la femme même en politique. Vous comprenez que c’est tout un problème pour cette femme qui veut par exemple occuper un poste quelconque. Pour elle, il faut à tout prix que les hommes accompagnent les femmes de la même façon qu’ils les font pour accompagner leurs semblables hommes : « Vous verrez même en temps des élections, les responsables des partis politiques qui donnent des moyens pour les campagnes électorales des candidats, mais souvent ce sont les hommes qui s’en servent et oublient les femmes ».Josée Emina, candidate aux élections législatives de 2018 à Bukavu et Conseillère du Chef de l’Etat regrette de voir que des hommes se basent sur des apparences » : « ce qui m’étonne, c’est de voir certains hommes se focaliser plus sur nos apparences des nous femmes au lieu de tirer attention sur nos compétences et message politique que nous lançons. Ça décourage souvent, mais les plus déterminées tiennent bon », regrette-t-elle.Des hommes qui ne savent toujours pas leur part de responsabilitéCertains hommes manifestent un scepticisme général vis-à-vis de l’engagement politique des femmes. La majorité juge en effet que ce n’est pas de la faute des hommes si les femmes ne sont pas promues en politique : « la femme peut adhérer dans un parti politique, mais ne doit pas mettre la politique au premier rang. Elle peut ou ne pas faire la politique et elle jouera bien son rôle, même comme électrice. Elle doit avant tout savoir jouer son rôle de femme et de mère. Ma femme est dans un parti politique et je comprends, mais cela doit se faire aussi longtemps qu’elle collabore», déclare Frank Namuto, habitant Bukavu.Interrogé, Jean Claude Basinyize, habitant sur avenue Hôpital général à Bukavu estime pour sa part que, ce manque de soutien de la part des hommes occasionne même des discordes en famille :

« je connais une dame qui a divorcé d’avec son mari, tout simplement, parce que ce dernier voulait l’empêcher à aller de l’avant en politique ; il ne comprenait pas ses rêves. Nous devons comprendre également qu’il y a des femmes qui ne savent pas saisir les opportunités et qui, une fois ont un statut important dénigrent les hommes ».

De son coté, un cadre d’un parti politique opérationnel à Bukavu qui a requis l’anonymat estime que l’homme politique aurait peur de la femme politique ;

« nous devons prendre à l’esprit que nous ne sommes pas dans le même monde que les femmes politiques. Si une femme politique gagne seulement la confiance de la communauté une fois seulement et c’est fini. Mais aussi, je pense nous ne leur facilitons pas la tâche vu leur emploi du temps par rapport à leurs charges ménagères pour participer dans l’organisation des différentes activités de nos partis»A présent, ONU-Femmes définit les violences à l’égard des femmes en politique comme étant un acte ou menace de violence sexiste qui entraine un préjudice à l’égard de la femme.

Ce qui les empêche d’exercer et de réaliser leurs droits politiques dans la sphère publique comme privée, y compris le droit de voter et d’occuper des fonctions publiques, de battre librement campagne, de s’associer et de se réunir et de jouir de la liberté d’opinion et d’expression. En RDC, on note le vote et la modification de certaines lois dont celle portant application des droits de la femme et de la parité ainsi que le code de la famille qui a été révisé.Pour Me Deodatte Bisomerine avocate au Barreau de Bukavu, faire participer la femme dans la gestion et sans discrimination, découle des textes spécifiques applicables en RDC. Pour elle, « la république démocratique du Congo a ratifié plusieurs instruments juridiques internationaux relatifs aux droits spécifiques des femmes et la constitution dispose également le principe de parité entre homme-femme à son article 14 ».« La femme de part la parité, mérite d’être soutenue sans discrimination pour aller de l’avant », conclut-t-elle.

Faire participer l’homme à l’émancipation politique de la femme en RDC, reste un engin de taille car la femme représente la majorité de la population congolaise.

En attendant la prise de conscience des hommes pour soutenir des femmes dans la vie politique, les femmes elles-mêmes doivent se soutenir en vue de prouver que légalité entre homme et femme est source de progrès estime certains observateurs.

Cet article a été produit en collaboration avec Journalistes pour les droits humains, JDH/JHR avec l’appui d’Affaires mondiales Canada

Materne NSIKU

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