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SUD-KIVU : Par manque des services de prise en charge psychosociale des survivantes des VSBG, certaines recourent aux réseaux sociaux pour exposer leurs cas

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Au Sud-Kivu, Il n’en demeure pas moins que les femmes et les filles sont affectées de manière disproportionnée par la violence qu’exercent des hommes pour les subordonner, les déposséder de leur pouvoir, les punir ou les contrôler. Les organisations des défenses des droits humains, les sociologues, les survivantes ainsi que des députés en province, dénoncent la quasi-inexistence des structures de prise en charge psycho-sociale des survivant(e)s.

En plein centre ville de Bukavu, par manque d’appui, plusieurs victimes dabus sexuels recourent aux réseaux sociaux tels que Facebook pour y exposer leur problème. Cest le cas de cette trentenaire, interrogée en date du 20 janvier 2022 et  dont nous taisons le nom. Non seulement, elle subit des violences physiques, économiques, mais également des chantages émotionnels: «Je vis dans ce foyer pour que mes enfants grandissent avec leur papa. Mais franchement, je suis triste. Nous sommes mariés depuis mes 18 ans d’âge, je nai pas fini mes études », révèle-t-elle.

« A chaque fois, il me rappelle  quil sest marié par force vu que jétais tombée enceinte, ce qui avait fait que nos parents avaient précipité le mariage. Quand il me donne de largent, il laccompagne par des insultes. Il ma un jour dit quil me paie pour lacte conjugal. Vous vous imaginez? Il a pu obtenir son diplôme, mais moi je ne peux pas car je dois moccuper des enfants qui sont encore petits », dit-elle en se retenant de pleurer avant de poursuivre : « C’est sur des réseaux sociaux (Facebook) que je vide mon esprit pour m’ouvrir à des personnes que je ne connais », révèle-t-elle.

« Nous voyons dans des films comment les gens qui sont dans les même cas que nous sont bien  traités par leur État, pourquoi on ne fait pas cela ici chez nous ? J’entends parler des psychologues, mais où trouver les moyens de les payer? », regrette-t-elle.

Cette autre victime silencieuse des violences conjugales dans son ménage, affirme vouloir recourir elle auprès de sa mère pour exposer son cas, mais elle ne trouvait pas satisfaction car sa maman ne voulait pas s’ingérer dans son ménage.

 « Je suis mariée depuis lâge de 19 ans. Aujourd’hui je suis déjà très âgée comme vous pouvez le voir. Mais mon époux ne ma jamais considéré », regrette-t-elle.

« Il me bat, m interdit de travailler, il porte des propos discourtois sur nos enfants. Même quand cest lui le fautif, il me fait porter le chapeau. Aujourd’hui, mes enfants ont du mal à échanger avec leur père. Ceux qui sont mariés, je ne peux pas dire qu’ils sont des références pour leur entourage partant de ce qu’ils avaient vécu entre mon mari et moi. J’ai  tenté de parler de mes problèmes à ma défunte mère, mais elle refusait de mécouter car elle ne voulait pas s’ingérer dans mon mariage…., je nentends pas souvent parler de ces services sociaux, mais comme vous en parler déjà, je pense que ces centres peuvent sauver des vies, y compris celle de mes enfants qui vivent aussi avec des traumatismes, … », dit-elle avec angoisse.

Des femmes  souffrent silencieusement dans des ménages  et c’est dangereux.  En date du 5 janvier  dernier, Charline Safi, journaliste à vision Shala Shabunda, alors âgée  de 21 ans, a trouvé la mort à la suite des coups et blessures infligés par son mari. Rappelle  Agnès Sadiki, responsable de lassociation TGDP (Tous pour le Genre, la Paix et le Développement) estime que la responsabilité de cette mort est partagée : « Tenez par exemple, nous avons appris que son bourreau la battait, la maltraitait régulièrement. Si par exemple, elle na pas su se défendre, porter plainte ou parler de ce qui lui est arrivé, cest peut être parce que, tout comme un grand nombre des femmes, elles ne sont pas comprises par la société… Et nont nul part où se confier. Je pense que labsence des structures adéquates de prise en charge  psychologique des femmes qui sont victimes des violences sexuelles et basées sur le genre contribue négativement à ce qui est arrivé à la pauvre Charline comme à d’autres femmes qui vivent avec des traumatismes  dans leurs ménages», explique-t-elle. 

« Il y a nécessité pour TGDP et autres acteurs de plaider pour la multiplicité des structures adaptées dans les milieux urbains et ruraux où sobserve l’accroissement des VSBG. Il faut absolument former le personnel soignant et sensibiliser les communautés pour briser le silence », insiste  Agnès  Sadiki.

Droit à la protection

Jean-Claude Basinyize, superviseur chez SOS SIDA, une organisation qui accompagne les survivants des VSBG explique l’importance de cet appui : «  …L’appui psychosocial s’accompagne d’autres appuis (accès à la justice, réintégration socio-économique, etc.) à travers le système de référencement. A partir de la quatrième séance de psychothérapie, la  survivante est éligible à la réintégration socioéconomique et scolaire. L’accès à la justice dépend de la volonté de la survivante qui est sensibilisé sur le bien fondé de cet aspect tout au long de sa cure psychothérapeutique, mais de fois ; la distance entre les structures de prise en charge et les survivantes ou le quasi absence d’une clinique psychologique intégrant la psychiatrie sont également des obstacles importants pour la restauration de la confiance de soi des survivantes ».

Pour Dévote Chiregano Mulangano, coordonnateur du PNSM(programme national de la santé mentale) au sein de la division provinciale de la santé du Sud-Kivu, « peu dactions étaient jusque-là accordé aux aspects psycho social lors de la prise en charge des survivantes des violences sexuelles et celles basées sur le genre en RDC ignorant que les problèmes psychiques peuvent précéder, accompagner et rester après lacte, les troubles physiques ou moraux….on devrait normalement songer à linstallation des structures de renforcement à celles qui existent déjà », martèle-t-il.

Face à cette situation, l’autorité semble perdue.

La commissaire provinciale en charge des affaires sociales, genre, famille et enfant dénonce cette insuffisance des structures de prise en charge des survivants des violences sexuelles et basées sur le genre: «  depuis des années, des organisations féminines et l’Etat congolais font de leur mieux pour accompagner les survivantes de violences sexuelles, mais il sobserve que nos efforts ne suffisent pas, mais nous y travaillons ».  

A Mme Balandine Kalafula Députée provinciale élue de Mwenga de compléter : « Ce nest pas normale que les survivant(e)s des violences sexuelles et basées sur le genre puissent manquer dappuis psychosociaux et pourtant nous savons quil y a des textes tant nationaux qu’internationaux qui garantissent leur accompagnement, leur protection. Ce ne sont pas les moyens qui manquent ».

Droit à la non-discrimination      

Tout le monde a le droit de recevoir la meilleure assistance possible, sans faire l’objet de discrimination fondée sur le sexe, l’âge, le handicap, la race, la langue, l’appartenance religieuse ou politique, l’orientation sexuelle ou la classe sociale. Selon Solange LWASHIGA Secrétaire exécutive du caucus des femmes pour la paix.

 «Dans nos activités de tous les jours, nous sommes face aux femmes, filles et enfants  victimes des violences sexuelles et basées sur le genre. Elles  vivent avec  ce traumatisme au quotidien et cela les  affecte sur tous les plans », révèle Solange.

En se basant sur les textes légaux, elle martèle que  : « les auteurs méritent condamnation suivant les articles 44, 45, 46 et 48 du code pénale congolais qui répriment les infractions des meurtres ainsi que les coups et blessures et réparer préjudices causés aux survivantes conformément à l’article 258 du code civile, livre trois. Mais aussi, plusieurs articles de la résolution 1325 dont la RDC est signataire garantissent la protection et promotion de la femme survivante des violences sexuelles».

Ce travail est réalisé grâce à l’appui financier et technique de JDH-RDC.

Materne Nsiku

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